Les scandales qui se succèdent depuis quelques semaines et qui atteignent maintenant le sommet de l’Etat posent une nouvelle fois la question de la République. Avant d’être un régime constitutionnel celle-ci est en effet l’accomplissement d’une histoire de la citoyenneté et de l’intérêt général. Le bien et l’esprit publics font ainsi partie de notre patrimoine politique ; les représentants que nous élisons à tous les niveaux ont le devoir de le faire fructifier.
Cet idéal est aujourd’hui contredit par une arrogance des plus hauts responsables de l’Etat qui met en cause la communauté des citoyens ; une arrogance nourrie de la captation privée et partisane des ressources publiques. La gravité des fautes commises exigerait qu’interviennent sans délai des mesures de sauvegarde de nos institutions.
Or le régime de la V° République l’interdit. Il organise en effet une irresponsabilité générale dès lors que le détenteur du seul pouvoir qui vaille n’a de compte à rendre à personne, même pas à la majorité qui le soutient au Parlement. L’affaiblissement des contre-pouvoirs, envahis par la surpuissance présidentielle aggrave encore un peu plus cette situation.
Nicolas Sarkozy a fait franchir un nouveau stade à cette décomposition de nos institutions. Elles n’ont plus de républicaines que le nom. Dans une période où la crise sociale exige plus de morale publique que jamais, la question se pose de changer de régime.
Une alternative existe, celle représentée par les autres démocraties de l’Union Européenne où prévaut l’ordinaire d’une autorité parlementaire quelle que soit la personnalisation du pouvoir. La France doit se mettre à l’unisson de ce « patriotisme constitutionnel » où le gouvernement et son chef sont responsables effectivement devant une majorité parlementaire. Le pays ne le fera pas sans inventer une 6° République démocratique et sociale. Les formations et responsables politiques doivent s’y engager.
Le 6 juillet 2010.
Pour la C6R, le président
Paul Alliès