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Convention pour la 6ème République

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La VI° République pour quoi faire ?

jeudi 9 octobre 2014, par Bernard Treper

Cet article a été publié dans ReSPUBLICA, le journal du réseau de la Gauche Républicaine, laïque, écologique et sociale en date du mercredi 8 octobre 2014. Il est signé de Bernard Teper, co-animateur du Réseau Education Populaire, auteur avec M. Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette » et avec C. Jousse et Ch.Prudhomme de « Contre les prédateurs de la santé ».
http://wwww.reseaueducationpopulaire.info
Dans cet article Bernard Treper expose les questions que pose tout particulièrement aux militants du Front de Gauche la stratégie de Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui centrée sur le combat sur la VI° République. Nous le publions ici comme contribution à un débat nécessaire sur les moyens de parvenir à cette 6° République et les principes qui doivent en être le socle.
Bernard Vivien

La VIe République pour quoi faire ?

Jean-Luc Mélenchon a pris l’initiative de centrer son combat pour la VIe République, VIe République qui doit être pour lui le candidat du peuple pour 2017. Sur le plan stratégique, il tente d’utiliser la stratégie de Podemos (« Nous pouvons » en espagnol) : parti politique crée en surplomb avec des statuts qui donne un pouvoir considérable au secrétaire général mais qui mobilise la partie du peuple qui s’était retrouvée dans les Indignés, portion du peuple intéressée par la multiplication des consultations électroniques et des gestions de partage conviviales.
Au moins, Jean-Luc Mélenchon tente-t-il de modifier sa stratégie suite aux échecs électoraux du Front de gauche en 20141. Les autres composantes du Front de gauche n’ont d’ailleurs toujours pas proposé une stratégie qui fait suite à cet échec patent. Parti comme cela, le Front de gauche part handicapé pour la prochaine consultation électorale de mars 2015.

Mais revenons au débat de l’Autre gauche qui se détermine pour beaucoup à partir de la nouvelle proposition stratégique de Jean-Luc Mélenchon, sans se cacher les questions qui demandent débat et traitement.

La première est que la stratégie du Front de gauche fut bâtie sur l’axe gauche antilibérale contre les néolibéralismes de droite et de gauche et que la stratégie de Podemos est bâtie sur l’axe Front du peuple versus l’oligarchie. Pour l’instant , malgré un engouement certain autour de la proposition stratégique de Jean-Luc Mélenchon, beaucoup de militants du Front de gauche sont désorientés.

La deuxième est que le slogan « l’intérêt général est notre boussole » manque de contenu. D’abord parce que la classe populaire ouvrière et employée, sans laquelle rien n’est possible, boude pour l’instant les élections. D’autre part parce que la lutte des classes est aujourd’hui si défavorable à la classe populaire ouvrière et employée pourtant majoritaire que ce mot d’ordre demanderait la confiance de cette classe. Enfin, il est difficile de parler d’intérêt général quand sont sont dans l’abstention 70 % de la classe objective populaire ouvrière et employée (majoritaire dans la population), 70 % des chômeurs, 70 % des jeunes de moins de 35 ans et 70 % des couples qui gagnent moins de 20.000 euros par an. La grande majorité de ceux-ci votaient à gauche hier.
Ce qui doit être construit , c’est une nouvelle « volonté générale du peuple », ce qui n’est pas la même chose. Ce concept forgé par Rousseau dans le Contrat social doit donc être actualisé pour être opérationnel.

La troisième est que le Front du peuple n’est pas constitué pour l’heure. Il faut donc entrer dans un processus constituant (bien avant la Constituante elle-même) pour avoir une chance d’instituer un modèle politique alternatif.

La quatrième est qu’avant de proposer une Constitution, il va falloir débattre des principes constituants, des ruptures nécessaires, des exigences indispensables et bien sûr de la stratégie pour les mettre en application. En fait, le débat dans un processus constituant est un débat entre plusieurs modèles politiques alternatifs. Il faut donc penser en terme de modèle politique. Nous reviendrons sur ce point.

La cinquième est, nous ne le répéterons jamais assez, de passer d’une gauche de la gauche à une gauche de gauche.2
Le Front de gauche est passé de 11 % en 2012 à 6,3 % en 2014. Même si ce n’est pas la même élection, le recul est important et l’échec est patent. [↩]
Voir http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/pourquoi-devons-nous-passer-dune-gauche-de-la-gauche-a-une-gauche-de-gauche/43586. [↩]
Bernard Treper

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