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Primaire : le Parti socialiste a la mémoire courte

vendredi 15 mars 2013

Le texte qui suit a paru en tribune libre dans le Libération en date du jeudi 14 mars, en page 19. Paul Alliès, secrétaire national adjoint à la rénovation du parti socialiste, y aborde la question de primaires citoyennes dans la perspective des élections municpales. Nous le publions ici parce qu’il s’agit d’une question sérieuse qui fait actuellement discussion au sein de l’ensemble de la classe politique et qui, comme le non-cumul des mandats, concerne la nécessaire rénovation dela pratique démocratique. Comme c’est le thème du café citoyen qui se tient à Montpellier. Cet article sera aussi une première contribution au débat prévu au Café citoyen de Montpellier de mars qui aura lieu le lundi 25 mars (cf agenda) dont le thème sera "faut-il des primaires citennes pour les élections municipales ?". Bernard Vivien.

Primaire : le Parti socialiste a la mémoire courte
PAR PAUL ALLIÈS

Ce 1er mars, la direction du Parti socialiste a adressé à ses cadres et à ses parlementaires une circulaire sur « les modalités de désignation des candidats aux élections municipales de 2014 ».Il n’y est nulle part question de l’organisation d’une primaire citoyenne. Les socialistes l’ont pourtant pratiquée pour l’élection présidentielle les 9 et 16 octobre 2011 ; ils avaient alors jugé que sa réussite avait été essentielle dans l’élection de François Hollande le 6 mai 2012.

Le débat sur l’opportunité d’en reprendre le principe en l’adaptant au scrutin municipal a donc bien lieu d’être. En témoignent la contribution de Terra Nova en janvier sur « les primaires de conquête » (dont un des auteurs est Matthias Fekl, député socialiste du Lot-et-Garonne), mais aussi la résolution adoptée le 2 mars par la commission nationale « rénovation » du PS (dont une quinzaine de secrétaires et responsables fédéraux).

Alors, pourquoi un tel déni partisan de ce qui restera comme une étape essentielle dans l’histoire du PS ?

Le recours à une primaire ouverte à toutes les formations de gauche et à tous les citoyens n’est pas qu’une opération de circonstance. Il repose sur un principe participatif qui remet en cause le modèle du parti fermé tel que construit par la social-démocratie à la fin du XIXe siècle. Il vise à transformer l’organisation politique d’une avant-garde éclairée ou supposée telle, en formation ouverte à la société.

En cela il affronte deux questions.

  • D’abord celle de la crise d’une démocratie de moins en moins représentative. L’Assemblée nationale élue en 2012 ne compte que 27 % de femmes, dix députés issus de l’immigration et un seul ouvrier. Dans les municipalités, c’est pire puisqu’elles ne comptent que 0,4 % d’ouvriers. Et les femmes ne représentent que 10 % des maires des villes de plus de 3 500 habitants. L’éloignement social des citoyens vis-à-vis du pouvoir central et local ne cesse de s’accroître.
  • Ensuite vient la question de « faire la politique » dans un contexte de révolution cybernétique où la masse et la vitesse de l’information échangée invalident les pouvoirs hiérarchiques et oligarchiques. La rétention des choix programmatiques ou politiques par 200 000 adhérents ne se justifie plus. Il y a un autre horizon au militantisme dans la mobilisation des convictions et leur partage civique. La primaire présidentielle a entraîné 3 millions d’électeurs, heureux de conquérir un nouveau droit dans une élection pourtant anachronique.

L’application de la procédure aux municipales devrait être une nouvelle étape dans la marche rénovatrice des socialistes. Dans un contexte politique singulièrement difficile, elle serait la preuve d’une confiance dans la mobilisation populaire sans laquelle il n’y aura pas de changement, surtout si la loi sur le non-cumul des mandats ne s’applique pas.

La direction du Parti socialiste a la mémoire courte, elle s’aveugle en préférant oublier la primaire et, avec elle, l’imagination démocratique qui a tant compté dans la dernière bataille présidentielle.

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