François Hollande a annoncé ce dimanche son intention de mettre en chantier une révision constitutionnelle concernant les élections présidentielles et législatives. Seraient visés le financement des partis qui y participent, les parrainages des candidats à la présidentielle et le calendrier de ces élections.
C’est ce dernier sujet qui fait le plus problème. Les résultats de ce premier tour des législatives sont un record dans l’histoire de ces élections : jamais elles n’avaient été autant désertées ; prés de 43% des citoyens se sont abstenus, faisant d’eux le premier parti de France. Cette désaffection est une démonstration de l’incohérence totale qui frappe notre système politique.
Seule une majorité parlementaire permet au président de la République de gouverner mais tout se joue sur l’élection personnelle de celui-ci. Comment imaginer l’autorité de cette majorité pour contrôler l’exécutif et son administration quand elle est si mal élue ? Qui plus est quand elle est si peu représentative de l’opinion en excluant ou sous-représentant sur ces bancs prés de la moitié des suffrages exprimés. Comment peut-on aller plus loin dans l’antagonisme entre une personne et un collège de députés, une coalition de partis ?
L’inféodation des législatives à la présidentielle est un attentat contre la démocratie représentative que ne connaissent aucun des régimes comparables au notre, au moins dans l’Union Européenne.
Aussi certains pensent à une révision du calendrier qui ferait se tenir les législatives les mêmes jours que la présidentielle. Ils rêvent à une automaticité majoritaire que pourtant rien ne garantit. Si on a en tête le plutôt faible écart de voix entre Hollande et Sarkozy le 6 mai dernier, on ne peut être certain qu’une majorité telle que celle qui sortira des urnes le 17 juin aurait été élue ce jour-là ; en tout cas pas aussi large. C’est pourquoi d’ailleurs Lionel Jospin avait inversé le calendrier de ces élections en 2000, pour "rester fidèle à l’esprit de la V° République" , c’est-à-dire à celui du bonapartisme.
Cette distorsion est à la base de l’irrésistible dynamique présidentialiste de la V° République. La Gauche s’honorerait de la casser pour retrouver un équilibre des pouvoirs et les bases d’un régime de responsabilité politique pluraliste. Il suffit pour cela de remettre le calendrier dans le bon sens et de faire que les législatives aient lieu avant la présidentielle. Les deux élections se feraient avec des enjeux forts et clairs. L’introduction d’une part significative de proportionnelle achèverait de démocratiser le système. Ce serait la voie la plus sûre pour voir les citoyens reprendre le chemin des bureaux de vote.
Il faut donc se défier d’une révision qui ne serait que de confort apparent au mépris d’un pari sur la démocratie délibérative, condition d’une ouverture de la politique sur la société.
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