C6R
Convention pour la 6ème République

Accueil > Quelle VI° République et comment y parvenir ? > Une révision de confort

Une révision de confort

mardi 12 juin 2012, par Paul ALLIES

François Hollande a annoncé ce dimanche son intention de mettre en chantier une révision constitutionnelle concernant les élections présidentielles et législatives. Seraient visés le financement des partis qui y participent, les parrainages des candidats à la présidentielle et le calendrier de ces élections.

C’est ce dernier sujet qui fait le plus problème. Les résultats de ce premier tour des législatives sont un record dans l’histoire de ces élections : jamais elles n’avaient été autant désertées ; prés de 43% des citoyens se sont abstenus, faisant d’eux le premier parti de France. Cette désaffection est une démonstration de l’incohérence totale qui frappe notre système politique.

Seule une majorité parlementaire permet au président de la République de gouverner mais tout se joue sur l’élection personnelle de celui-ci. Comment imaginer l’autorité de cette majorité pour contrôler l’exécutif et son administration quand elle est si mal élue ? Qui plus est quand elle est si peu représentative de l’opinion en excluant ou sous-représentant sur ces bancs prés de la moitié des suffrages exprimés. Comment peut-on aller plus loin dans l’antagonisme entre une personne et un collège de députés, une coalition de partis ?

L’inféodation des législatives à la présidentielle est un attentat contre la démocratie représentative que ne connaissent aucun des régimes comparables au notre, au moins dans l’Union Européenne.

Aussi certains pensent à une révision du calendrier qui ferait se tenir les législatives les mêmes jours que la présidentielle. Ils rêvent à une automaticité majoritaire que pourtant rien ne garantit. Si on a en tête le plutôt faible écart de voix entre Hollande et Sarkozy le 6 mai dernier, on ne peut être certain qu’une majorité telle que celle qui sortira des urnes le 17 juin aurait été élue ce jour-là ; en tout cas pas aussi large. C’est pourquoi d’ailleurs Lionel Jospin avait inversé le calendrier de ces élections en 2000, pour "rester fidèle à l’esprit de la V° République" , c’est-à-dire à celui du bonapartisme.

Cette distorsion est à la base de l’irrésistible dynamique présidentialiste de la V° République. La Gauche s’honorerait de la casser pour retrouver un équilibre des pouvoirs et les bases d’un régime de responsabilité politique pluraliste. Il suffit pour cela de remettre le calendrier dans le bon sens et de faire que les législatives aient lieu avant la présidentielle. Les deux élections se feraient avec des enjeux forts et clairs. L’introduction d’une part significative de proportionnelle achèverait de démocratiser le système. Ce serait la voie la plus sûre pour voir les citoyens reprendre le chemin des bureaux de vote.

Il faut donc se défier d’une révision qui ne serait que de confort apparent au mépris d’un pari sur la démocratie délibérative, condition d’une ouverture de la politique sur la société.

2 Messages

  • Une révision de confort Le 12 juin 2012 à 13:33 , par Saga des Gémeaux

    Le problème monsieur Alliès c’est que tant que l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct et le maintien de ses pouvoirs exorbitants ne seront pas remis en cause, la monarchie présidentielle se portera en bonne santé. La fait que François Hollande annonce une révision constitutionnelle pour réviser la Constitution sur des points mineurs ne changera rien. En ce qui me concerne j’appelle à une réforme totale et définitive de cette Constitution absolutiste qui n’est plus en accord avec notre société actuelle. La confusion des pouvoirs a toujours été malheureusement une spécificité française que ce soit le pouvoir législatif ou le pouvoir exécutif. Aura-t-on le courage d’instituer une séparation équilibrée des pouvoirs comme le souhaitait Montesquieu ?
    Seule l’Histoire le dira.

    Saga des Gémeaux

    repondre message

    • Une révision de confort Le 9 juillet 2012 à 21:22 , par Stephan VI

      En effet, il va falloir organiser une évolution, passer la sixième, plus subtile qu’une révolution qui, par définition, ramène au point de départ. Nous en reparlerons bientôt, le moment venu, en détails. à+
      stephan

      repondre message

Répondre à cet article