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Convention pour la 6ème République

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« Notre Primaire » : un inquiétant silence

vendredi 15 avril 2016, par Paul Alliès

Dans un billet publié sur son blog de Mediapart, Paul Alliès fait le constat quelque peu amer que les fervents partisans du passage à une 6° République ne peuvent que déplorer : l’absence dans les débats organisés depuis trois mois par les signataires de l’appel pour "Notre primaire" de la question démocratique, et partant, des institutions. Un billet en forme d’interpellation à laquelle toutes celles et tous ceux qui souhaitent une primaire doivent faire écho pour que ce débat soit réellement mis sur la table. Bernard Vivien

« Notre Primaire » : un inquiétant silence

Les signataires de l’appel du 10 janvier organisent ce samedi un nouveau « Forum citoyen » pour une primaire à gauche. Depuis trois mois, ils ont multiplié les débats dans le but de donner un « socle » aux échanges entre les éventuels futurs candidats. Force est de constater qu’ils n’ont pas consacré un seul mot, un seul instant à la question démocratique.

La qualité intellectuelle des initiateurs de l’appel, leur expérience de la scène politique auraient du les conduire à ne pas faire l’impasse sur la responsabilité des institutions de la V° République dans la crise où nous sommes. L’aggravation du présidentialisme dans la pratique qu’en aura eu François Hollande donne une importance stratégique au problème posé par le régime en place depuis 58 ans. Son archaïsme comme son exotisme dans le standard constitutionnel européen fait de sa modernisation une question très française. L’espace politique et médiatique des partisans d’un changement ne cesse de s’élargir. Sauf aux partisans de « Notre Primaire ».

Ainsi le programme de cette journée de samedi (voir Libération de ce 15 avril) veut couvrir tout le champ des « questions vives » : « Quel modèle social pour le XXI° siècle ? » (Dominique Meda) ; « Quelle Europe ? »( Susan George) ; « L’urgence écologique » (Guillaume Duval) ; comment « Réactiver notre imaginaire politique ? »(Daniel Cohn-Bendit) ; ah ! et enfin : « Leur République et la nôtre ». Mais ce thème présenté par Michel Wievorka est exclusivement consacré au traitement de l’islamisme (et à la dénonciation fort juste de son instrumentalisation sectaire). D’une part il ne figure pas comme les autres, au programme des débats de la journée et d’autre part il ne dit toujours rien sur la dégénérescence de notre système politique.

On est donc conduit à faire des hypothèses sur cet inquiétant silence. La première est que les responsables de « Notre Primaire » ne croient pas pouvoir aller à l’encontre d’une culture bonapartiste fortement ancrée à gauche. Ils n’imagineraient pas, tout comme les dirigeant socialistes, une révolution démocratique possible dans le cadre institutionnel actuel. La deuxième serait qu’ils considèrent que le sujet d’une VI° République a été préempté par Jean-Luc Mélenchon, confondant en cela sa campagne pour une Constituante et l’aspiration bien plus large et populaire à un changement de République dans l’opinion. Pour preuve, ce sondage (Odoxa-Le Parisien) en date du 23 novembre 2014 (soit à l’un des pics de la mobilisation de Mélenchon sur ce point) : 62% des personnes interrogées se déclarent favorables à « la mise en place d’ une VI° République donnant davantage de pouvoirs au Parlement et moins de pouvoirs au Président » ; pourtant les mêmes sont 66% à avoir « une mauvaise ou très mauvaise opinion » de Jean-Luc Mélenchon.

Le silence de « Notre Primaire » est inexcusable. C’est un véritable mépris de ceux, universitaires, journalistes, élus et responsables politiques qui depuis des années ont mené le combat du changement démocratique (on tient à disposition les « Trente propositions pour avancer » de la Convention pour la 6° République adoptées le 8 décembre 2001 et actualisées le 27 septembre 2014). Disons-le, ce silence est inquiétant pour tous ceux, partisans de la Primaire à gauche qui considèrent que « la question démocratique fait intégralement partie de la question sociale » (Pierre Mendes-France). Il importe qu’elle soit portée à l’ordre du jour des échanges entre ceux qui veulent assurer le succès de la Primaire.

Source : 15 avril 2016 PAUL ALLIÈS ( blog/mediapart : une autre République est possible )

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