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Quand Hidalgo perd la mémoire

jeudi 6 mai 2021, par PAUL ALLIES, Bernard VIVIEN

A défaut de primaires, que reste-t-il pour les candidats potentiels, sinon des jeux d’appareils et/ou les sondages et/ou la quête de la personne providentielle ? Ce serait accepter une fois de plus la logique mortifère de l’élection présidentielle sous le régime de la 5° République. A droite comme à gauche, le mode de désignation d’un candidat pour l’élection présidentielle de 2022 fait l’objet de débats et de désaccords...
Au vu des critiques portées à ce processus de désignation (les dernières en date viennent de la maire de Paris), il n’est pas inutile de rappeler ce que furent les premières primaires, celles de 2011, l’intérêt porté aux débats télévisés entre les candidats et la forte participation.
Bernard Vivien

Quand Hidalgo perd la mémoire

La gauche n’en finit pas de se diviser, y compris ce 1° Mai. Si bien que certains pensent renouer avec des Primaires pour surmonter les logiques mortifères des Présidentielles. Anne Hidalgo a choisi ce jour pour dire sont refus.
Beaucoup d’analyses ont été faites des Primaires d’Octobre 2011 et Janvier 2017. Certaines ont insisté sur leur défaut, sociologique notamment. Ce seraient les plus âgés, les plus diplômés, les plus aisés que la moyenne de l’électorat, qui auraient le plus participé au vote.

Certes. Mais cela suffit-il pour dire, comme Anne Hidalgo (dans le JDD ce dimanche 2 mai) ? :

« « Je ne suis pas favorable à une Primaire. Une Primaire à l’américaine s’adresse à tout le corps électoral. En France, ce n’est pas la même logique : elle mobilise surtout les militants ou les sympathisants »

C’est oublier tout simplement que les premières Primaires de l’histoire politique française en 2011 ont été un remarquable succès démocratique : Elles ont mobilisé 2,7 millions de votants au premier tour et 3 millions au second (700.000 d’entre eux avaient même accepté de donner leur adresse électronique). Tout cela grâce à quelque 10.000 bureaux de vote et 80.000 scrutateurs. C’est le résultat d’une politisation de l’opinion durant sept semaines dont témoignaient la forte audience des cinq débats télévisés (des 4,9 millions de téléspectateurs sur France 2 le 15 septembre, aux 5,9 millions pour le dernier le 12 octobre) ; les instituts de sondage et les faiseurs d’opinion médiatique en furent totalement déstabilisés. L’existence d’une Haute Autorité indiscutable (avec M° Mignard, Mireille Delmas-Marty et le préfet Pautrat) a assuré la sécurité et la sincérité du scrutin ; il n’y eut aucune contestation ce qui ne fut pas un mince exploit avec un parti comme le PS, jusque-là rongé par les fraudes.

Ce résultat fut le fruit d’un intense travail conduit en amont par une commission dirigée par Arnaud Montebourg, désigné responsable de la rénovation du Parti socialiste par Martine Aubry à l’issue du congrès de Reims en novembre 2008. Durant 14 mois, cette commission a construit des échantillons probatoires de communes pour envisager tous les cas de figure du scrutin, auditionné une vingtaine de spécialistes, envoyé des observateurs en Italie et aux Etats-Unis, négocié avec le Ministère de l’Intérieur, tenu une soixantaine d’heures de réunion.

Cette première expérience demeure une preuve que les divisons en tout genre, l’usure des partis, la dictature des sondages et des chaines d’info, ne sont pas un obstacle infranchissable. Et que les Primaires valent toujours mieux que les jeux de rôles ou manœuvres de micro-appareils auxquels on assiste aujourd’hui. Hidalgo ne devrait pas l’oublier.

4 mai 2021
Par Paul Alliès

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