Patrick Cohen interrogeait ce mercredi matin sur France Inter Eva Joly sur son "envie " d’être" nommée au Conseil Constitutionnel. "ça aurait de l’allure" répondit-elle, arguant de sa triple qualité de femme, de bonne juriste et de familière des pays étrangers.
Rien sur l’institution elle-même, la cour constitutionnelle la plus baroque de la planète ; celle où ses "juges" sont tous nommés par des autorités politiques dans la plus grande opacité (la révision de 2008 instaure un contrôle parlementaire de façade).
Sans compter la présence de droit et à vie des anciens présidents de la République (trois de droite à ce jour) qui peuvent venir fausser les majorités "selon les circonstances" comme le revendiquait sans vergogne Valéry Giscard d’Estaing.
Le Conseil Constitutionnel résume à lui seul tous les abus du pouvoir de nomination selon le fait du prince qui ronge la V° République à tous ses étages.
Il est urgent de le réformer de fond en comble, surtout depuis l’instauration des questions préjudicielles de constitutionnalité (QPC) permettant à un justiciable de demander au Conseil une interprétation de la loi fondamentale sur une disposition législative qui lui est applicable. On vient de voir les effets désastreux de cet situation le 5 mai dernier avec l’abrogation immédiate de l’article du Code pénal sur le harcèlement sexuel : l’auteur de la saisine, Gérard Ducray ex-député du Rhône condamné en appel pour harcèlement sexuel à 3 mois de prison avec sursis et 5000€ d’amende avait connu trois membres actuels au moins du Conseil quand il avait été secrétaire d’Etat au tourisme dans le gouvernement Chirac sous Giscard d’Estaing entre 1974 et 76.
Il y a donc urgence à réformer cette pseudo Cour suprême. Comme partout ailleurs les juges constitutionnels doivent être élus à une majorité qualifiée (2/3 des membres) par le Parlement sur une liste d’aptitude (expérience professionnelle, diplômes, etc.) proposée par le président de la République. Bien entendu la qualité de membre du Conseil exclurait de cumuler cette fonction avec un mandat électif national ou local et avec toute activité professionnelle.
Voilà ce qu’a oublié de dire Eva Joly en avançant précipitamment sa candidature. Que cela soit le fait d’une personnalité à l’autorité morale incontestable, appartenant à une formation exigeante sur la moralisation de la vie institutionnelle, démontre la puissance d’attraction des institutions perverties de la V° République.
Le candidat François Hollande s’est montré particulièrement ouvert sur la nécessité de leur refonte. La nouvelle majorité parlementaire répondra-t-elle à l’invitation qui lui est déjà faite par le nouveau président ? Il va falloir se montrer vigilant et questionner les candidats à la députation. La faute d’Eva Joly nous le rappelle cruellement.
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